Je recense des ombres Par grand froid et grand nombre Les fleurs ont des poux Les anges spéculent Le ciel parle vert de gris ...
Je recense des ombres
Par grand froid et grand nombre
Les fleurs ont des poux
Les anges spéculent
Le ciel parle vert de gris aux statues
Avec le recule
Je recense une âme nue
Un squelette étendu
Aux quatre coins des rues
Ses cinq phalanges tendues
Aux avaries du temps
De vaches maigres
Il pleut des trombes
Des éclairs d’argent
Un son de cloche d'enfer
Dont le seul tintement fait songer
À la clôture de Wall Street
Dans mon esprit antinucléaire
Je recense des ombres
Par grand froid et grand nombre
Les fleurs ont des poux
Et ça me pique un peu partout !
© Tous droits réservés à Nicodème Camarda |
Bien qu’engagé et militant pour les grandes causes humaines, l’auteur de ce poème affectionne le style symbolique, du fait de ses effets esthétiques attractifs qui incitent le récepteur à participer activement à la création du texte, comme il est clair dans ce nouveau poème où la compréhension est tributaire de l’interprétation des significations des vers et strophes dans leur relation avec le sens global du poème. D’ou la nécessité d’y trouver quelque part un signe pouvant guider le lecteur ou l’auditeur vers le noyau à partir duquel a été généré le Tout.
Ce signe peut bien être ici le vocable « mon esprit antinucléaire » ( le vers 18 ) qui dénote une opposition franche et farouche contre la détention des armes nucléaires par quel pays que ce soit y compris bien entendu les grandes puissances qui se réservent le droit de les posséder tout en les prohibant aux autres.
Un deuxième éclairage important nous est apporté dans ce même vers : ces armes meurtrières qui avaient causé en 1945 au Japon un cataclysme humain sans précédent ( près de 250.000 victimes) préoccupent profondément le poète car à n’importe quel moment un accident peut survenir et la catastrophe serait encore plus tragique ,vu le progrès réalisé dans leur fabrication depuis cet événement douloureux et inoubliable dans la mémoire collective de l’humanité.
Cette préoccupation s’est exprimée tout au long du texte sous la forme d’images lugubres et cauchemardesques (je recense des ombres - les fleurs ont des poux - un squelette étendu aux quatre coins des rues ses cinq phalanges tendues - il pleut des trombes des éclairs d’argent un son de cloche d'enfer - et ça me pique un peu partout !). D’autre part, l’allusion aux USA dans les vers 16 et 17 est claire (un son de cloche d'enfer dont le seul tintement fait songer à la clôture de Wall Street ).
Un poème engagé mais qui ne verse point dans la platitude, la sécheresse et la banalité du langage courant parce qu’il est adressé aux connaisseurs et non à une masse à conquérir .
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