Certes, la pièce est chaude et bien douillette, des colibris y fusent, éclairs rouge-feu qu'indiffère semble-t-il le crachin qui f...
Certes, la pièce est chaude et bien douillette,
des colibris y fusent, éclairs rouge-feu
qu'indiffère semble-t-il le crachin qui fouette
la baie masquée de rideaux bleus.
Dehors, les cyprès grelottent sous le vent,
frissonnent ainsi que des palmes, et moi, je me demande
si ce sont des zombies ou bien des korrigans
qui flottent vaporeux, aux frontières de la lande ...
Mon cœur, me dites-vous, est une bille d'agate,
transparente, comme l'est le ciel de là-bas
mais que nuance pourtant un trait de rouge pâte,
tout semblable aux nuages qui courent devant moi
Par : José Le Moigne |
Ce poème, bâti sur la dualité : intérieur/extérieur ,offre au lecteur attentif l’occasion de plonger dans la psyché du locuteur et de suivre les traces de sa vision dans le monde représenté ici par l’environnement immédiat.
Ces deux niveaux : bas ( l’âme) /haut (le milieu) se complètent en réalité mutuellement, du fait qu’ils donnent de l’être de l’auteur une seule et même image, à savoir un intérieur propre, serein et équilibré (mon cœur est une bille d'agate - la pièce est chaude et bien douillette, des colibris y fusent) et sain de tous les affects nuisibles à autrui ( agressivité – haine- rancœur – jalousie …), en somme une âme lyrique en accord total avec l’univers. Cependant, si la nature a favorisé le poète de ce côté-là, l’élevant ainsi à un rang non loin de celui des prophètes, le milieu (peut-être social) ne lui a pas épargné une gêne étrange dont il ignore la nature et la cause et qui constitue techniquement le « nœud » du texte.
Cette incommodité se présente à travers le dit comme un mélange de peur (des zombies ou bien des korrigans qui flottent vaporeux, aux frontières de la lande – grelottent - frissonnent ) et de doute (nuages qui courent devant moi ) étant donné que les nuages symbolisent l’obscurcissement de la conscience. Et la peur n’est pas du tout dissociée du doute car toute peur est une peur de ce qui se passera à l’avenir.
Il en découle que cet affect a toutes les caractéristiques d’une phobie natale mais une phobie, à vrai dire, enrichissante parce que c’est probablement grâce a elle que l’auteur écrit la poésie .Un poème psychologique et symbolique écrit avec finesse et plein de poéticité.
COMMENTAIRES