Poème du jour : À la lumière des chandelles Par : Patricia Royet Dans la maison blanche, Que chaque printemps nourrit, En sen...
Poème du jour : À la lumière des chandelles
Par : Patricia Royet
Dans la maison blanche,
Que chaque printemps nourrit,
En senteurs et joliment fleurie,
Les roses pleurent,
La poésie d'une couleur,
En ce dimanche matin,
Pas de bleu,
Pas de soleil,
La triste brume a caché,
La douceur du ciel,
Une flamme s'envole,
La pluie se met à tomber,
Une lumière s'éteint,
Il est dix heures vingt,
Dans la chambre aux volets clos,
Quatre-vingt-deux ans de souvenirs retrouvent l'éternel,
En effleurant la poussière de vieux rideaux,
Allongée sur le lit,
Belle âme en repos,
Éclairée par des chandelles,
Mamie Louise s'est endormie,
Dans sa main fragile,
Une photo jaunie,
Contre sa poitrine,
Le sourire de Lucien,
Pour l'éternité,
Elle rejoint.
Copyright © Patricia Royet |
Voici un poème qui s’inscrit parfaitement dans la lignée tragique, en réunissant l’Amour, l’un des plus forts liens d’attache à ce bas-monde et la Mort qui est la négation même de la vie .Néanmoins, cette dualité, qui est dans son essence oppositive, se transforme, sous la plume de l’auteure, en une occasion faste et prometteuse pour une victoire de l’Amour sur la Mort , non sur terre mais dans l’au-delà .Et du coup , le cadre naturel triste que la poétesse s’est évertué, dans les quinze premiers vers, à mettre en évidence ,du fait qu’il abrite une scène mortuaire, s’avère n’être qu’un simple subterfuge technique pour intensifier l’effet de surprise finale que susciteront les préparatifs faits par la défunte, avant de rendre l’âme pour rencontrer son bien-aimé qui l’avait précédée (Mamie Louise s'est endormie, dans sa main fragile, une photo jaunie, contre sa poitrine, le sourire de Lucien, pour l'éternité, elle rejoint ) , une surprise, qui rend la scène, pour le lecteur croyant, moins tragique et lui confère une nouvelle dimension : celle de la fidélité en amour.
En plus de ce renversement inattendu de la situation décrite, le poème retient l’attention par sa langue hautement poétisée grâce à la texture métaphorique dont il a été doté surtout dans la description du cadre naturel qui laisse filtrer une sensibilité romantique effilée et un talent réel dans la personnification des éléments de la nature.
Un autre poème réussi de la part de cette charmeuse de muses qui ne finit pas de nous étonner agréablement. Bravo Patricia et à la prochaine !
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