Poème du jour : Je ne suis pas encore mort Par :Paul Nwesla Biyong Je ne suis pas encore mort Les nuages se sont arqués Pressant l...
Poème du jour : Je ne suis pas encore mort
Par :Paul Nwesla Biyong
Je ne suis pas encore mort
Les nuages se sont arqués
Pressant leurs poumons aqueux pour vomir sur moi
Un août noyé tant il n’a cessé de pleuvoir sur Douala
Et tous ces commieksants sinois
Qui nous rongent de l’intérieur comme une toux virale
Des ombrelles qui ne résistent même pas au vent
Des caniveaux qui débordent à la première pisse des cieux
Le string qui s’effiloche dès qu’elle gratte où ça démange
Des chaussures qui perdent leurs semelles quand on presse le pas
Tellement trivial alors passons
Je ne suis pas encore mort
Crains-tu la menace Rouge
J’ébola par-ci par-là Boko Haram
Comme la terre d’Ariel Charogne aussi je tue
Sous le nez des Gendarmes tus qui soupirent pour l’A-fric
Qui elle se re-belle tant ses formes attirent et son sein riche
Arrache un surprenant taux de croissance
Pourtant le prix de l’essence flambe
Le pas peuple crie
Il n’y a pas de travail mais des demeures détruites…à raison
Passons
Je ne suis pas encore mort
Innocent attend la préface de son recueil
Le Phénix se demande bien si je ferai carrière littéraire
La fermeture des frontières avec le Nigeria coupe ma course vers un autre titre
Julienne et ses frères iraient facilement à l’école
Si je ne m’investissais pas autant en babioles
C’est bien décousu tout ça je sais
Mais je ne suis pas encore mort
Seulement je commence franchement à détester ce mois
Out.
NWESLA BIYONG |
des chaussures qui perdent leurs semelles quand on presse le pas) introduits, sans doute, illégalement par des réseaux de contrebande - cherté du prix de l’essence -chômage – la passivité des états africains vis-à-vis des exploitants étrangers ( l’A-fric qui elle se re-belle tant ses formes attirent et son sein riche ) – l’absence de conscience chez le peuple qu’il appelle « pas peuple » …).
Ce tableau désolant que brosse l’auteur de sa ville est, en réalité, presque le même dans tout le continent. Stylistiquement, ce poème s’inscrit dans le genre dit réalisme critique dont l’objectif selon le canadien F.Dufour est de dévoiler les mécanismes d’oppression et de permettre leur modification (Dufour, 2013, p.57) mais sans verser à aucun moment dans la reproduction photographique du réel. Bravo Nwesla !
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