Cette rubrique liste une anthologie de poésie arabe contemporaine, mais traduits en français.
Voici une nouvelle sélection des textes poétiques arabes traduits en français. Poèmes choisis et présentés par Mohamed Salah Ben Amor.
Anthologie de la poésie arabe :
Poésie et littérature arabes ! |
- A ne pas manquer : Poésie d'amour en arabe traduit en français .
Poème N°01 : Mon père
Je m’adosse sur la nuit de ta abaya* noire
Et laisse le vent éplucher avec le chant
La rouille me couvrant la gorge
Seuls les pleurs ne remplissent que la rougeur des yeux
J’ai semé ma main dans la rue pour un bout de pain
Et dit à la Koufa* :
« Ils ont récidivé !
Le lait des pauvres a alors coulé par terre »
Nous nous dispersons secrètement à l’instar de la prophétie
Tandis que les indicateurs sont collés à nos visages
Sur un baril bourré de poudre à canon
Nous avons laissé l’Irak dormir
Et nous nous sommes mis à le pleurer à haute voix
Il ne se lèvera jamais un matin pour les pauvres
Tant que nous tuons dans l’ombre Ali*
Puis nous marchons derrière son cortège funèbre
Tant que nous égorgeons chaque jour Jésus et Zakaria
Tant que nous sommes un jour sunnites et un autre chiites
Le corbeau de la séparation continuera à nous pourchasser
Ö mes parents !
Ramassez les débris du matin éparpillés sur les routes
Sans un corps unique et sans une main unique
Nous ne nous relèverons jamais
Ö mes parents !
Je crains que si le collier se défasse
Et c’est le souhait le plus cher des ennemis
Nous nous perdrions tous dans le désert
Et nous deviendrions les juifs errants de l’histoire
Ö mes parents !
L’inattention ne laisse à la maison aucun prophète vivant
Y prenez-garde !
Si elle arrive le verre d’or nous sera volé entre les mains
Et nous perdrons le couffin et les raisins
A ce moment l’histoire nous damnera
Les générations nous rejetteront
Les pieds nous écraseront
Les papiers nous injurieront
Parce que nous aurions perdu l’Irak
- Abaya :sorte de manteau arabe en laine.
- Koufa :l’une des plus grandes villes de l’Irak et l’un des fiefs du secte chiite.
- Ali : Ali Ibn Abi Taleb, le gendre du prophète Mahomet et le quatrième.
- khalife après lui. Les chiites musulmans s’en réclament.
- Zacharie : père de Jean Baptiste , prophète pour les musulmans.
Poème N° 02 : Nouvelles brèves sur la lumière du soleil :
- Un poème de Nawal Alghanim Traduit et analysé par : Mohamed Salah Ben Amor
En lieu d’exil
Je souhaite
Qu’en me réveillant
Je trouve le plafond du matin
Bagdadien !
Yahin !!*
Même l’habit de la joie est noir
Même nos boîtes postales
Ne nous apportent
Que les colis d’obscurité
Je laisserai le bruissement de l’air
Sculpter de ma main
Une maison pour la famille éperdue.
Il n’y a aucune lumière sur nos chapeaux
Il n’y aucune main pour accrocher
L’impartialité sous la forme d’un pot de fleurs.
Pour cela
Nous avons reporté les nouvelles brèves
Sur la lumière du soleil
A un autre bulletin d’information.
De son peigne tombe la tristesse,
Tombe la peur.
Sur son manteau abusivement noir,
Galope une rivière morte
Comme il est persistant ce clou crochu
Auquel j’étais accrochée toute ma vie !
La poussière noire elle-aussi
Est une cloche accrochée au plafond de la maison.
Le rêve se disperse au dessus de nos têtes
Comme une herbe verte
Nous ne mourrons pas
Et sur nos habits
Galope la braise des roses rouges
Je mets la lampe dans la gueule de la noirceur
Et je dis à l’obscurité :
Le temps est étroit sur le corps de ma montre
Le rocher attaché à mon pied
N’est plus rien d’autre qu’un brin de paille
Qui essaie de retarder mon arrivée
Loin de tout désespoir
J’ai tiré le vide du pilier de la maison
Et j’ai dessiné la Liberté
Sous les traits d’un oiseau brisant la cage
Qui fait pénétrer ses aiguilles
Nwal Alghanim – poétesse irakienne |
Poème N°03 :
Il me semble que ta main
Ressemblant à une cité qui m’abrite
S’étend sur mon front
Il me semble qu’elle s’étend sur mes traits
Et efface de mon visage
Le ciel d’octobre
Ta main qui n’a jamais déversé
Que de la rosée
S’en est allée
En agitant des senteurs
Et des figues
Afyaa Al Asadi – poétesse irakienne |
Poème N° 04 : Ö tisseur de la blessure
Poèmes de Imen Diabel, poétesse bahreïnienne :
Dans mes souffrances
Aucun fil ne peut me repriser !
Le temps vole de mes jours
Me berne
Prends donc ce qui en est resté…
Et fais-moi don
D’un seul instant à vivre
Pareille au papillon
Offrant à la lumière son trépas
Comme la mort est belle
Si tu t’en sers
Pour réaliser tes desseins !
El les visions sont un voyage
Dés le début de l’amour
Mon cœur attendait.
Dés le début du désir ardent
La grande route me faisait signe.
Je voyais ce que le regard
Ne peut voir
J’allais vers toi portant mes vers
Parmi mes affaires
Et derrière moi
Marchaient le soleil et la lune
Poème N°05 : Les souhaits sont un trottoir
Les souhaits sont un trottoirEl les visions sont un voyage
Dés le début de l’amour
Mon cœur attendait.
Dés le début du désir ardent
La grande route me faisait signe.
Je voyais ce que le regard
Ne peut voir
J’allais vers toi portant mes vers
Parmi mes affaires
Et derrière moi
Marchaient le soleil et la lune
Imen Diabel, Poétesse Bahreïnienne |
Poème N°06 : Je sors de mon vacarme
Je sors de mon vacarme
Au vacarme des trottoirs
Je suis tellement ennuyé
Au point où je jetterais ma vie
A n’importe quelle passante
Puis je m’en irais tout libre
Ennuyé par les souvenirs,
Les amis et la mélancolie
Ennuyé ou désespéré
Tel un bateau troué sur la falaise
Ne pouvant appareiller
Ni couler
Adnène Sayegh , poète irakien |
Poème N°07 : Au nom de la bien-aimée
Dans les chansonnettes de l’afflictionAu nom du sang, de l’appartenance,
Et de la patrie
Nous jurons que nous verserons
Notre vie dans tes veines
Et nous prions Dieu
Pour qu’il préserve ton âme
Du trépas ou de la faiblesse
Bande tes plaies et lève-toi
Nous sommes là
Nous sommes la canne de ta dignité
Pendant les rudes épreuves
Tu es celle qui comme les palmiers
Saigne d’en haut
Aucune différence pour nous
Entre l’exil et la mort
Pour ta cause
Ö patrie !
Tuqa Morsi – poétesse égyptienne |
Poème N°08 :
Ils tracent la carte du pays
Comme s’ils étaient des enquêteurs
Qui traçaient des limites
Autour d’un cadavre
Là-bas
Sur le lieu du crime
Les rideaux ne seront jamais baissés
Bissan Kherbik, poétesse syrienne |
Poème N°09 :
Je fuis ton ombre azuréenne
Je pénètre dans le tunnel du jasmin
Le parfum m’encercle …
Je dégaine mon cœur
Mais il me transperce
Avec le hennissement de la nostalgie
Alaa Housamou , poétesse syrienne |
Poème N°10 : Je suis la seule adolescente
Qui n’a jamais grandi
Je suis la seule fillette qui
Au passage du distributeur des âges
S’est cachée parmi ses jouets
Je suis la seule amoureuse
A attendre son bien-aimé
Pendant vingt ans
Alors qu’il se boursouflait
Dans la matrice de sa mère
Je suis l’aire de battage
Que le vent a enflammée
Mais n’a pu disperser ses pas
Loin de ses collines
Je suis la seule croyante
Qui ne convoite pas le paradis éternel
Moi
Et comme tous les dispersés
A travers la terre de la diaspora
Je revendique seulement
Le droit de retour
A tes yeux !
Fatma Ben Fdhila Poétesse tunisienne |
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