Poème du jour : MERCATO Par : Patrick Berta Forgas Nous n’aurons bientôt plus le temps de nos envies réunies pour taire l’avenir ...
Poème du jour : MERCATO
Par : Patrick Berta Forgas
Nous n’aurons bientôt plus le temps
de nos envies réunies
pour taire l’avenir amorcé.
Nous aurons d’autant moins
le choix du jour de la chute.
L’équilibre de nos nuits
n’ajoute plus de rêve …
Seules, s’agitent
les combinaisons d’espoirs
en défilés gris …
Il faut remonter les pierres des murs.
Réunir les cailloux des rivières.
Rassembler les sables disparus.
Il le faut !
La trahison et ses secrets
ont permis l’histoire.
La force et l’union
doivent ressusciter
la nature
jusqu’à celle des hommes
vivants.
© Patrick Berta Forgas Août 2014. |
Ce texte , apparemment plein de symboles et d’expressions énigmatiques, tend, en réalité, à exprimer des significations cohérentes mais par des détours stylistiques subtils et inattendus, afin d’accentuer l’opacité de la langue et renforcer sa poéticité par l’épuration à l’extrême des sens dénotatifs communs.
Pour accéder au niveau sémantique de ce poème, la meilleur voie à emprunter est de le lire verticalement ( ou mieux paradigmatiquement pour reprendre le terme de Ferdinand de Saussure), en essayant d’y dégager les isotopies (c.à.d. , selon Algirdas Greimas, l’isotopie est la redondance dans un texte de mots appartenant aux mêmes catégories sémantiques ). Partant de cette approche , le texte nous apparaît comme étant dominé par la notion de crise qui se manifeste sous deux formes complémentaires : la pression (plus le temps de - n’ajoute plus de -) et l’urgence (Il faut remonter, réunir , rassembler - Il le faut ! ). Quant au genre de cette crise grave et alarmante, il consiste en une « mort » de la nature, consécutive à ce qu’on appelle « le progrès ».De ce fait, elle est structurelle et généralisée et concerne l’humanité toute entière à notre époque. Et en plus de son caractère universel, elle touche l’essence de l’être humain (La force et l’union doivent ressusciter la nature jusqu’à celle des hommes vivants). Sur ce point, le poème ci-haut , est l’un des rares où son auteur laisse présager une sortie possible de la crise qui ravage le monde à moins que sa portée soit antiphrastique (Manière de s'exprimer consistant à faire usage, par ironie ou euphémisme, d'un mot ou d'un groupe de mots signifiant le contraire de ce que l'on pense - Larousse ), une interprétation que l’accent ironique clair porté par le titre ( MERCATO ) rendrait plus que vraisemblable.
Et comme tous ses présidents, ce poème est écrit par une main de maître !
- A lire aussi : FIASCO ou l’illusion du savoir, Vestiaire d'automne
COMMENTAIRES