POÈME DU JOUR : SORTIR DU MIROIR Deux anophèles monstrueux Tarissent de sang un puits D'innocence … Pandémie sur la toile ...
POÈME DU JOUR : SORTIR DU MIROIR
Deux anophèles monstrueux
Tarissent de sang un puits
D'innocence …
Pandémie sur la toile de l'étoile obscurcie :
Des milliers de tarentules vont
Être crachées de la bouche
Guerrière sur un
Autre puits
D'innocence
Et les peaux de la mémoire
Seront empoisonnées
Et les plaies seront
Purulentes …
Un sang maladif
Renforcera le brouillage
De tout horizon
Ami ! Sépare-toi du chapelet infernal
Qui ligue les lèvres sur
La pensée emmurée ...
Sors du hallier
Ligoté où
Se calfeutrent
Les orfraies …
Creuse d'autres sources
Pour les rossignols des murailles …
Que les comètes montrent
Au-delà de tout miroir
Le courant vif d'un
Passage ultime
A l'aurore
Et … Là …
Sur cette terre coupée …
Les amandiers refleuriront neufs
Avec leurs rhizomes
Qui élargiront
L'espace
Pour cet arbre d'un
Savoir ancestral
Ami ! Accompagne et accomplis
Le mouvement dans le vent
Des sarments blessés
Mais braisés de
L'olivier qui
Ne demande qu'à les relever
Ces flambeaux d'une
Seule paix
Copyright © Alain Minod
Analyse et commentaire :
Voici un poète malchanceux au sein de notre groupe, car chaque fois que je décide de lui commenter et traduire un poème, je me trouve obligé de sauter son tour à cause de la longueur de ses poèmes qui ne se prêtent pas à une lecture rapide telle je le fais sur notre site de Poèmes et poésie d'amour. Mais puisque que le poème qu’il nous propose aujourd’hui enfreint à cette règle, saisissons l’occasion pour donner notre avis là-dessus.
Techniquement, l’auteur use ici du même procédé que dans tous ses poèmes précédents et qui consiste à générer de l’idée maîtresse qu’il prend pour point de départ des faisceaux de connotations avec lesquels il tisse toute une toile composée d’images entremêlées. Et ce procédé s’il fascine le lecteur averti par les détours de sens et les feintes rhétoriques qu’il crée , il rebute, par contre, le profane qui se trouve dès le départ enlisé dans des une jungle inextricable de significations désordonnées.
Dans ce poème, par exemple les mots « olivier » et « paix » employés dans la dernière strophe indiquent que l’idée charnière serait la volonté de paix unilatérale qui anime les Palestiniens et qui est tout le temps stoppée par leurs vis-à-vis. Et cette opposition nous éclaire d’abord sur la structure binaire du texte érigé sur la dualité : paix/guerre ensuite sur la part qui a y été accordée à chacun de ces deux éléments. Quantitativement, les trois premières strophes ont été consacrées à la guerre et ses désastres. Mais si la vision du poète y est expressément pessimiste (des milliers de tarentules vont être crachées de la bouche guerrière - les peaux de la mémoire seront empoisonnées et les plaies seront purulentes …un sang maladif renforcera le brouillage de tout horizon), le reste du poème laisse présager un dénouement positif ( le courant vif d'un passage ultime à l'aurore - les amandiers refleuriront neufs avec leurs rhizomes qui élargiront l'espace pour cet arbre d'un savoir ancestral), un avenir réconfortant mais conditionné par des injonctions exprimant le conseil (Ami ! Sépare-toi - Ami ! Accompagne et accomplis).
Un poème politique certes mais hautement poétisé et n’a aucune ressemblance avec la poésie directe servant à haranguer les foules.
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