Poème du jour : Les bons sont avec moi… Les bons sont avec moi… Ils préparent les saisons au départ Ils prédisposent le fleuve ...
Ils préparent les saisons au départ
Ils prédisposent le fleuve à l’illusion sacrée
Et aux craquements des palmiers
Mon père était là…
Sur les rives du souci …
Tissait notre tristesse …
Flirtait avec le gagne-pain radin
Ö Nil combien de soifs nous avons …
Sur tes rives …
Et aucune voie ne mène à ton Nil
L’étendue s’est transformée en arbres
Au couleur de la patience …
Qu’on brûle avec de la colère
Dans l’espoir que celui
Qui a erré en vagabond
Dans l’horizon
Trouve le guide
Par : Tuqa Morsi , Poétesse Egyptienne
Analyse et Commentaire :
L’auteure de ce poème écrit au cours des premiers mois de l’année 2013 est , sans exagération aucune, l’une des nouvelles voix poétiques arabes qui ont réussi à bien saisir la nature de l’étape difficile actuelle que traverse le monde arabe et de s’en faire l’écho, non à travers des discours fades et insipides destinés à haranguer les foules, à la manière de ces hordes de pseudo-poètes qui sont apparus soudain et comme par enchantement dans les pays dits du "printemps arabe" dès les premiers jours de la chute des anciens régimes, mais de l’intérieur de l’âme du peuple, en s’identifiant étroitement à lui ou plus exactement aux bonnes gens de ce peuple profondément attachées à leur patrie et en transmettant fidèlement leur inquiétude du présent et leur crainte de l’avenir.
Un thème, somme toute, simple et clair mais palpitant de réalité et de vérité. Et son grand avantage est, sans doute, d’avoir permis à l’auteure de privilégier l'Humain au dépens du Social et le Murmure très proche de l’âme humaine au détriment du Cri qui, s’il est capable d’électriser momentanément la masse et lui offrir l’occasion de se défouler, il ne laissera aucune trace palpable dans leur cœur et esprit.
En plus de cette voix basse s’adressant directement aux cœurs et non aux nerfs , une très grande attention s’est portée , dans ce texte, sur la façon de s’exprimer qui s’est traduite par l’usage de deux procédés complémentaires :
- Le premier est le déploiement d’un grand effort pour éliminer le plus possible de sens dénotatifs afin de donner à la langue un ton opaque susceptible d’activer la faculté de représentation chez le lecteur et l’inciter à participer à l’élaboration du texte par le remplissage de cases vides et l’éclairage de coins laissés délibérément sombres,
- le second procédé est le tissage d’une texture métaphorique composée d’images inédites et filées.
Et c’est là où excelle, à vrai dire, cette poétesse réellement douée. Et le résultat est ce morceau de haute facture qui ne laisse aucun connaisseur ou amoureux de la poésie indifférent .
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