Espoir : Je rêve Je rêve et j'ai peur Peur de mon réveil Et si ces images ne parlaient d'aucune aube vermeille Le vid...
Espoir :
Je rêve
Je rêve et j'ai peur
Peur de mon réveil
Et si ces images ne parlaient d'aucune aube vermeille
Le vide est une présence amère
Un spectre aux couleurs austères
Où seul l'espoir assume une onde claire de lumière
Une prière
Au risque de me damner à jamais
Je veux revivre ce que mon cœur aimait
J'imprime ces images en polychromie
Sur toute mon anatomie
Je veux garder sur moi
Et en moi
L'espoir dépositaire
Des graines de blé vert
D'un avenir salutaire
Dans ton univers
Je rêve
Je rêve d'un rêve sans fin
Un rêve sans les images indolentes
Mais avec les plus souriantes
Ton retour
Ton amour
Ses fragrances
Ses transes
Comme "Dakiki" le poète guèbre
J'aspire à l'excellence de la vie
Une vie en ta compagnie
La victoire du jour sur les ténèbres
Je veux ton sang comme succulence rouge de mes envies
Je veux les baisers de tes lèvres couleur rubis
Je veux me balancer au son de la harpe
Et ainsi rebondir sur l'escarpe
De la muraille des religions
Comme ultime espérance
La délivrance
De ma passion
Je rêve
Quel est ce rêve
Sur le seuil de la fenêtre entr'ouverte
Attendant que le matin se lève
Pour s'envoler comme une feuille verte
Tous droits réservés © Gaëtan Parisi |
Analyse :
Pour essayer de saisir le fond de ce poème qui tourne, comme presque la totalité des écrits de cet auteur, autour de la rupture amoureuse, il est utile de se rappeler les étapes par lesquelles passe généralement, selon les psychologues, le partenaire qui vit cet événement douloureux : d’abord le choc qu’il lui fait subir ensuite la négation du nouvel état de fait pourtant évident et le refus de l’accepter, s’en suivra une colère violente et destructrice à l’encontre de l’ex-bien-aimé ( e ) mélangée à un désir de vengeance, puis une auto dévalorisation née de la sensation que l’expérience malheureuse qu’il vient de vivre est le résultat d’un échec. Ensuite , la courbe descend petit à petit vers le dénouement avec l'acceptation du fait accompli avant d’entamer une reconstruction qui sera plus ou moins longue.
Dans ce poème, le locuteur, tout en étant sujet à cet événement tragique, se maintient dans l’étape de la négation, en se faisant l’illusion que l’amour perdu est récupérable. Et il va dans ce sens jusqu’à l’extrême, en se convaincant que l’impossible est possible et en vivant le désespoir , par le biais du rêve, comme un vrai en espoir. Là, le cas du locuteur peut être qualifier de pathologique, étant donné que la sensation qu’il éprouve naît généralement d’une rupture totale avec la réalité (je rêve / je rêve et j'ai peur/ peur de mon réveil/ et si ces images ne parlaient d'aucune aube vermeille ) . Ce qui est l’un des signes évidents de la psychose. Dès lors, nous comprenons que le discours qu’il se tient dans la totalité du poème est un véritable délire psychotique. Et qu’y a –t-il d’étrange en cela puisque que l’Amour, le vrai , relève de la même zone qu’occupe la folie dans la psyché humaine : celle de l’irréel ?
Côté style : le poème est agrémenté, de bout en bout, d’images finement ciselées avec, en parallèle, un rythme interne toujours croissant, en concordance avec l’état d’âme du poète ( je veux ton sang comme succulence rouge de mes envies / je veux les baisers de tes lèvres couleur rubis / je veux me balancer au son de la harpe et ainsi rebondir sur l'escarpe de la muraille des religions comme ultime espérance la délivrance de ma passion ).
COMMENTAIRES